Je blogue peu. Ici, en tout cas. En revanche, cela m’arrive plus fréquemment dans le cadre de mon travail. Du coup, plutôt que laisser ce site tomber à l’abandon, je vais vous parler de ça. Si vous avez des questions pratiques, n’hésitez évidemment pas à les poser.
Le public-cible
Un peu de contexte pour commencer : je travaille pour la bibliothèque d’une institution qui ne forme que des étudiantes en master et des doctorantes (j’utiliserai le féminin comme forme neutre dans cet article). Pas de programme de bachelor, et beaucoup de recherche pour une institution de cette taille (un millier d’étudiantes et chercheuses, en gros).
Les publics-cibles sont donc supposément avancés, et viennent du monde entier ; si l’institution est officiellement bilingue, elle compte peu de francophones dans sa communauté académique et peu d’anglophones de naissance dans ses services administratifs (dont la bibliothèque). C’est notre première difficulté pour atteindre les public-cibles.
Pourquoi un blog dans cette bibliothèque?
Parce que la bibliothèque ne disposait pas d’outil de publication dynamique, parce que cela permettait d’automatiser les publications sur nos comptes de médias sociaux, parce que nous avions identifié des besoins de nos publics en termes de compétences, parce que nos services et collections mériteraient d’être mieux connus, et pour plein d’autres raisons.
Evidemment, la dernière raison était que plusieurs d’entre nous lisaient régulièrement des billets de blogs d’autres institutions ou bibliothécaires, et que le format nous paraissait intéressant à exploiter. Surtout à moi, mais pas que – et le soutien de mes responsables dans mes projets sortant de la routine ne s’est pas démenti.
La mise en place
Une organisation a d’abord été définie : un rédacteur en chef (bibi), assisté par le responsable-adjoint de la bibliothèque en charge de la communication. Un outil a ensuite été choisi. Sans trop de surprise, un blog WordPress.com qui évitait de devoir gérer l’hébergement. L’abonnement choisi coûte environ 100.- CHF par an, ce qui permet de faire disparaître les publicités et d’utiliser un sous-domaine de notre site web. Enfin, un appel à billets a été lancé pendant une séance plénière mensuelle de la bibliothèque.
Les rédactrices proposent un thème de billet en fonction de leurs tâches et intérêts. Nous discutons parfois de l’angle à privilégier pour intéresser nos publics-cibles. La bibliothécaire rédige un article dans WordPress (ou dans un e-mail pour le premier jet), puis je le relis et valide (ou pas). Mes billets sont relus par l’adjoint cité plus haut. Une illustration (photo prise en interne ou disposant d’une licence ouverte type CC) est ajoutée, et le billet est programmé par mes soins pour une date ultérieure.
Un calendrier de publication a été mis en place durant l’intersemestre pour un lancement une semaine avant la rentrée de février 2018.
Les autrices
Aucune bibliothécaire n’est de langue maternelle anglaise, et nous avons donc choisi de laisser la langue des articles au choix de la rédactrice. Comme j’ai sans doute le meilleur niveau d’anglais dans l’équipe, je relis et corrige directement les articles rédigés en anglais (une grande majorité). Nous envisageons de traduire à l’avenir d’anciens articles publiés en français si cela s’avérait pertinent.
La bibliothèque compte 18 collaboratrices, souvent à temps partiel. Un de mes objectifs était d’inclure autant de monde que possible dans le processus de rédaction. Au final, un peu plus de la moitié a contribué directement ou indirectement, par des articles ou des contributions et suggestions menant finalement à des articles. Certaines collègues sont très actives, et d’autres n’ont manifesté qu’un intérêt poli, sans suite.
Le contenu
Les articles sont publiés pendant les périodes de cours (février-juin, septembre-décembre) et se divisent en trois catégories principales :
Les articles « de fond », publiés le lundi (objectif: un tous les 14 jours, ou 7 jours en fonction du nombre de soumissions). Ils font la promotion des services de la bibliothèque, informent sur des outils utiles (information literacy), ou sensibilisent les étudiants et chercheurs à des enjeux de l’éducation supérieure et de la recherche (open science ou autre). Ils mettent en valeur nos services et compétences.
Les recommandations de lecture et visionnage, publiés le mercredi, s’appuient à la fois sur l’actualité de l’Institut (conférences, nouvelles professeures) et sur le reste du monde (conflits, enjeux, publications à succès). Elles mettent en valeur notre collection.
Les informations diverses, généralement publiées le vendredi ou quand les événements le requièrent. Ce sont des billets extrêmement courts et factuels qui ont simplement vocation à être publiés sur nos médias sociaux. Ils informent sur la vie de la bibliothèque.
Vous pouvez bien sûr consulter ces billets.
Et moi et moi et moi
De mon côté, j’ai évidemment publié plusieurs billets sur des sujets « données de recherche » qui entraient dans la première catégorie. C’est depuis dix-huit mois une part importante de mon activité, et les chercheuses manquent encore d’informations à ce sujet.
L’intérêt pour moi était de pouvoir travailler en parallèle sur ces billets et sur un guide plus statique. Le temps de rédaction était donc utile à deux titres. Autre élément d’optimisation du temps de rédaction: certains billets avaient vocation à alimenter notre rapport annuel avec quelques retouches. Le recyclage, c’est ça.
Le bilan
En trois mots : pas trop mal. Du côté de l’offre, j’étais très satisfait : 28 bons articles sur des sujets divers (en ne comptant que la fameuse première catégorie), et une participation relativement large. Du côté des visites, en revanche, je trouve nos statistiques de consultation trop basses : entre 30 et 100 vues par billet notable, c’est correct vu la taille de notre institution, mais quand même décevant.
Nous avons encore du mal à atteindre notre public, mais celles qui connaissent le blog l’apprécient, et nous espérons que le futur site de la bibliothèque nous permettra de mieux le mettre en avant. J’espère à terme aussi pouvoir mettre en place des collaborations avec des étudiantes et chercheuses, mais pour l’instant, la bibliothèque a déjà beaucoup de choses à dire.
A titre personnel, j’ai évidemment apprécié cette expérience. Le problème, c’est que je ressens beaucoup moins le besoin d’écrire en privé alors que je le fais déjà en journée. Du coup, il y a beaucoup moins de choses par ici, même si ce ne sont pas les idées et brouillons qui manquent. Voilà pourquoi « S.l. : s.n., s.d. » est silencieux depuis si longtemps – mais en fait, on pourrait se dire que c’est plutôt une bonne chose !
Image de couverture (recadrée): Blogging, par Jonathan Rolande (CC By 2.0)
Si vous souhaitez lire un billet de référence sur le lancement d’un blog académique collectif, je ne peux que vous recommander celui du LSE Impact Blog.