2020 a été une année très difficile pour tout le monde, et notamment pour moi. C’est pourtant l’année où j’ai pu trouver le courage d’entreprendre des études dans mon domaine, alors que je n’avais jusqu’ici récolté que des certificats. Pour faire ça bien, j’ai rejoint l’Information School de l’Université de Sheffield et son master à distance en gestion de bibliothèques et de services d’information.
Pourquoi maintenant ?
Parce que :
- je suis encore sous-diplômé pour mon poste (je suis titulaire d’un CFC d’assistant en information documentaire et d’un CAS en gestion de documentation et de bibliothèque),
- les études universitaires et le monde de la recherche me fascinent (ce n’est pas pour rien que je bosse en bibliothèque académique), et
- mes échecs scolaires et universitaires de jeunesse sont encore un sujet de complexes pour moi.
Enfin, ce n’est pas comme si 2020 était propice aux événements sociaux, donc étudier à distance paraissait être une bonne idée pour se changer les idées.
Pourquoi celui-ci ?
Parce que je cherchais un programme :
- d’une qualité reconnue,
- avec un contenu intéressant,
- en anglais (parce que c’est bon de pratiquer),
- à distance (parce que je ne comptais pas quitter la Suisse),
- à temps partiel (parce que je bosse à 90%),
- pas à un prix délirant (coucou les universités américaines).
L’Université de Sheffield est régulièrement classée première au monde dans le domaine de l’information documentaire. Les modules proposés paraissaient pertinents, le prix du master est plus ou moins raisonnable (10’500 GBP au total, soit un peu plus de 13k CHF), et il est prévu pour pouvoir être suivi à temps partiel en trois ans au lieu de deux (en gros en rédigeant le travail de master après les deux années de cours).
Au moins deux autres universités britanniques proposent des masters à distance en bibliothéconomie (une au Pays de Galles, et une à Newcastle). Les trois diplômes sont certifiés par CILIP, l’organisation professionnelle britannique des bibliothécaires. Mais bref, c’est bien à Sheffield que je me suis inscrit, notamment parce que le programme ne concernait pas que le job de bibliothécaire.
Niveau de difficulté
Je n’ai pas de point de comparaison, vu que mes études universitaires précédentes étaient catastrophiques en raison de mon immaturité. J’ai réussi ma première année avec une moyenne de 68 – apparemment équivalente à un 5+ en notation suisse ou 15.5 en notation française.
Les travaux étaient gérables, mais je ne sais pas à quel point ils ont été allégés en raison de la situation, qui restait compliquée pour tout le monde. Dans mon cas, c’était deux modules d’une douzaine de cours par semestre, avec un ou deux travaux à rendre pour chacun.
La langue
L’inscription nécessite un test d’anglais, ce qui paraît pertinent vu qu’écrire une dissertation dans cette langue n’est pas forcément facile – sans parler des lectures ou de suivre et participer aux cours eux-mêmes. Le niveau attendu est un 6.5 (sur 9) au test IELTS Academic. Je l’ai passé avec 8.0 (équivalent borderline C1-C2), mais je l’ai trouvé sincèrement difficile.
La socialisation
C’est un peu anecdotique, mais j’ai pu me constituer un groupe social d’une dizaine de collègues d’études en créant un groupe privé sur Twitter ainsi qu’une plateforme Discord pour des apéros virtuels. J’ai ainsi rencontré des gens vraiment géniaux avec qui je me réjouis d’entamer une deuxième année de cours.
Les cours
J’ai suivi 4 modules (3 obligatoires, 1 à choix) sur cette première année, plus quelques cours semi-obligatoires mais non-évalués.
- Libraries, information, and society: un sujet qui me passionne – la position et l’impact de l’information et des bibliothèques dans notre société. Conclu par un travail sur un enjeu actuel et une question éthique.
- Information literacy: un cours qui portait plus sur l’enseignement et l’apprentissage que sur l’information literacy elle-même. Les travaux à rendre tenaient de la réflexion sur nos pratiques en matière d’enseignement et de recherche. Très intéressant.
- Leadership, strategy and change: intéressant même si c’est moins mon truc, avec des aspects pratiques sur le travail d’encadrement ou de gestion. Travail à rendre: un « business case », dans mon cas sur un réaménagement de bibliothèque.
- Academic and workplace library, information and knowledge services (à choix): évidemment pertinent vu mon job, mais avec aussi des cours sur la documentation dans les hôpitaux, les services financiers ou les cabinets juridiques. Dans chaque cas, la moitié du cours était assuré par un invité professionnel du domaine. Travail à rendre: dissertation sur un sujet à choix (et j’ai été trop ambitieux).
- Cours bonus non-évalués: Digital literacy skills (ouvert à toute l’information school, j’ai appris quelques trucs) et Academic writing (très utile quand on découvre le style académique dans une nouvelle langue, mais prof très bordélique).
Pour les cours notés, les profs sont stimulants, les sujets intéressants, la méthode d’enseignement efficace (on sent qu’ils ne découvrent pas l’enseignement à distance cette année), bref, je suis très content. Ça représente évidemment beaucoup de travail, mais il est possible de se fixer des priorités et le suivi est bon.
Varia
Après cette année, je note en particulier l’attention qui est prêtée aux difficultés potentielles des étudiants et au soutien pédagogique, mais aussi le niveau de détail qui est apporté aux commentaires et à la notation des travaux. Je n’avais jamais vu ça.
Pour revenir au fameux classement, il se reflète dans le fait qu’à présent, quand je cherche des articles pour informer mon travail, je tombe régulièrement sur des auteurs de l’Information School, et qu’ils sont généralement très pertinents. Je n’avais auparavant jamais fait attention à leur affiliation.
Voilà, vous savez donc pourquoi je n’ai quasiment rien publié depuis un bail. N’hésitez pas à me contacter en public ou en privé (DM sur Twitter ou Linkedin) si vous avez des questions.
Illustration: Didactics Student Distance-learning teacher (CC0, Max Pixel).