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Intervention au Colloque 2025 des bibliothèques de la Ville de Genève

Posted on 2025-12-09 by Guillaume A. Pasquier

Le texte suivant est dérivé des notes de mon intervention lors du colloque des bibliothèques de la ville de Genève, le mardi 18 novembre 2025. Évidemment, il comporte de nombreuses différences avec ce qui a été réellement prononcé, puisque je ne disposais que de quelques notes. J’espère qu’il restera intéressant.


Les limites de la neutralité face à des contenus et activités incompatibles avec le rôle des bibliothèques dans la Cité

Merci tout d’abord aux bibliothèques de la Ville de m’avoir convié à évoquer un sujet léger et distrayant. Comme l’invitation qui m’a été étendue fait suite à la publication d’un billet sur le sujet des prises de position éthiques de Bibliosuisse, et que je suis chargé d’apporter un contrepoint à la prise de position de sa commission « Éthique professionnelle » quant à la neutralité en bibliothèque, je dois d’abord préciser que celle-ci est très bonne.

Mes commentaires s’inscrivent plutôt à la marge et sont avant tout des éléments de contextualisation et de clarification, mais il est évidemment plus intéressant d’évoquer ce qui fait débat que ce sur quoi on s’accorde. Pour moi, comme pour de nombreux autres sujets politiques, toute discussion autour de la neutralité en bibliothèque souffre de problèmes de cadrage et de vocabulaire.

Neutralité Positionnement dans des rapports de pouvoir

La neutralité est-elle une « valeur essentielle » des bibliothécaires ? Je ne le pense pas, et si j’ai un problème avec elle, ce n’est pas à cause de la « subjectivité inhérente à tout être humain » comme décrit dans la prise de position de Bibliosuisse. En s’éloignant un peu de notre domaine, si on vous demandait si la neutralité est une valeur de la Suisse, vous répondriez peut-être oui. Vous auriez tort, et ce n’est pas moi qui le dis, mais le Département Fédéral des Affaires Étrangères :

La neutralité permanente est un instrument de la politique étrangère de la Suisse. Elle constitue un élément générateur de paix et de sécurité en Europe et au-delà. Elle garantit l’indépendance du pays et l’inviolabilité de son territoire. En vertu du droit de la neutralité, la Suisse ne peut participer à une guerre opposant d’autres États.
La Constitution fédérale prévoit que le Conseil fédéral et l’Assemblée fédérale veillent à préserver la neutralité. Suivant l’intention des rédacteurs de la Constitution, la neutralité ne figure pas parmi les buts de la Confédération ou les principes de politique étrangère. Elle représente un moyen au service d’une cause.

La neutralité de la Suisse n’est donc pas une valeur ni un objectif, mais un outil, une situation, voire une contrainte. C’est un outil, car elle permet en théorie de protéger le pays d’attaques extérieures1, mais aussi d’avoir une poids accru dans les relations internationales en tant que siège de nombreuses organisations et du rôle de bons offices de notre gouvernement. C’est une situation, car la neutralité perpétuelle de la Suisse est la fille du Congrès de Vienne, qui a suivi les guerres napoléoniennes, et elle lui a été imposée autant qu’accordée.2 C’est une contrainte comme on peut le voir dans les contorsions de la Suisse quand il s’agit de parler de guerres d’agression ou de génocides.

La neutralité des bibliothécaires n’est pas non plus une valeur en soi, mais un moyen au service de nos missions. Ceci est bien représenté dans la prise de position de Bibliosuisse :

La « neutralité professionnelle » du/de la bibliothécaire décrit un positionnement professionnel, cherchant activement à détacher autant que possible les arguments qui justifient une décision de toute considération liée à ses biais et ses intérêts individuels (idéologiques, politiques, religieux, intellectuels, mais qui peuvent aussi être liés à sa situation sociale ou de genre, à son origine ou son ascendance lointaine, à son histoire personnelle, etc.), afin de prendre en toute transparence une décision compétente, orientée vers les intérêts de l’institution et de ses publics.

Bibliothécaire Institution

Nous sommes des professionnelles, un terme qui a plus de poids en anglais qu’en français, car il indique l’appartenance à une corporation. Contrairement à une médecin ou une avocate, nous représentons cette profession à travers le fonctionnement d’une institution : nous n’appartenons pas à un ordre qui puisse nous retirer l’autorisation d’exercer. Nous sommes au service des missions de nos institutions, responsables d’assurer la justesse et la justice de leurs activités, et c’est à ce niveau que le code d’éthique s’applique.

La neutralité ne protège malheureusement pas de l’agression, comme elle n’a jamais protégé la Belgique. On le constate actuellement aux Etats-Unis, où les bibliothèques sont attaquées pour avoir eu le culot de viser à remplir leur rôle : donner accès à l’information et à la culture sans contrainte financière, avec des objectifs multiples. Il faut donc plutôt se concentrer sur le rôle d’outil dans l’accomplissement de nos missions. La neutralité professionnelle décrite dans la prise de position de Bibliosuisse inclut le fait de lutter contre ses propres biais et d’adopter une posture critique, et c’est un devoir.

Mais cela ne signifie pas que l’expérience vécue ne puisse pas informer notre jugement. La situation sociale, culturelle, économique, ethnique, de genre, de sexualité de la bibliothécaire peut au contraire être éclairante sur un rapport de pouvoir qui est invisible à celles qui appartiennent aux catégories dominantes. Ce n’est pas toujours et seulement un biais, c’est aussi une richesse sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Choisir de manière informée et critique quelles voix seront légitimées ou renforcées est essentiel.

La définition du concept de neutralité selon Bibliosuisse mentionne qu’elle est « orientée vers les intérêts de l’institution et de ses publics ». Le code éthique des bibliothécaires ne peut se comprendre que dans le contexte des missions de leurs institutions. Les institutions sont plus fortes et durables que les individus, et c’est donc à la fois une chance et une responsabilité que d’en être un rouage. L’effet fondamental et bien compris du fait que nous parlions d’une institution est qu’elle légitime les contenus et activités qui y sont incluses – que ce soit une oeuvre culturelle, une source d’information, une conférence, ou une autre activité.

Information correcte + information fausse = ?

Un des rôles des bibliothèques est de diffuser des ressources informationnelles auprès des usagères. Mais résumer “informations” à “documents parlant d’un sujet” est insuffisant. On peut voir la chose comme un calcul grossier dont le résultat représente votre vision de la désinformation ou mésinformation. Faisons donc l’exercice :

  • Si vous pensez qu’une information erronée ajoute à la masse d’information, le résultat de ce calcul est supérieur à l’information correcte seule.
  • On peut penser qu’une information fausse a une valeur nulle. Dans ce cas, le résultat de ce calcul reste égal à l’information correcte.
  • On peut aussi estimer que sur un spectre de l’information, allant de +/- infini, l’information correcte a une valeur positive, et une information fausse a une valeur négative. Ajouter une information fausse aurait donc l’effet d’affaiblir, voire d’annuler la valeur de l’information correcte.

C’est la troisième position qui me semble la plus réaliste, même si elle est caricaturale. L’objectif des stratégies de guerre informationnelle et cognitive n’est pas toujours d’installer une réalité alternative.3 Rendre la réalité illisible par la cacophonie des informations et désinformations permet déjà d’atteindre le premier objectif : la dégradation cognitive et informationnelle4, jusqu’à un niveau Orwellien ou Dickien où le concept même de réalité partagée perd son sens. L’un des points forts de la prise de position de la commission éthique de Bibliosuisse est de clairement établir qu’une opinion ou un fait n’ont pas la même valeur, et que les disciplines scientifiques et “théories” alternatives non plus.

Cela ne signifie pas que les opinions n’ont pas leur place en bibliothèque : les essais sur tout et n’importe quoi peuvent ajouter matière à réflexion. Il faut toutefois que ces opinions soient contextualisées et qu’elles s’appuient sur un réel partagé. Un essai qui s’appuierait sur des falsifications n’aurait à mon avis pas sa place en bibliothèque de lecture publique. Espérer que l’usagère lambda ait des capacités critiques suffisantes, ce que la prise de position aimerait pouvoir croire, est très problématique, et nous ne pouvons pas abandonner cette responsabilité.

En bibliothèque académique, c’est évidemment différent : une chercheuse a le bagage critique nécessaire pour évaluer sources, arguments, et contexte d’un ouvrage problématique, jusqu’à Mein Kampf s’il le faut. Mais j’ose croire que les bibliothécaires continueront, comme le suggère la prise de position, de s’appuyer sur l’expertise des autrices plutôt que sur leur popularité.

Usagère Citoyenne

L’accès à l’information a pour but de permettre à chacune de trouver, et donc jouer pleinement, son rôle dans la Cité. Je parle de Cité plus que société, car le terme renvoie au politique, et, c’est un cliché, “tout est politique”. “Citoyenne” ne signifie donc pas ici titulaire d’une nationalité ou droit de vote, mais bien individu participant à la vie collective. Évidemment, particulièrement dans le contexte suisse, il y a un rôle plus techniquement politique, qui est celui de votante (plus encore qu’électrice), mais on appartient à la Cité même sans avoir ce droit-là, à travers le discours et l’action militante ou pas.

Donner accès à la culture ? En termes de fiction, je suis plutôt libertaire, mais c’est un biais que j’ai en tant qu’homme blanc cisgenre hétérosexuel. Le corpus de la fiction occidentale a été créé pour moi. Des grands auteurs qui me ressemblent superficiellement. Le protagoniste par défaut, le “mec normal” comme aurait dit Coluche5, c’est un homme blanc, cisgenre et hétérosexuel – d’autres ont leur place dans le corpus, mais souvent seulement comme signifiants et pas comme personnages lambdas.

Le propos ici n’est pas qu’il faut interdire ce qui est conservateur (un énième roman de mec blanc qui parle d’un héros mec blanc lambda peut rester intéressant), mais au contraire de faire un choix d’inclusion au-delà des classes traditionnellement majoritaires ou dominantes, et donc d’offrir des opportunités de représentation aux identités sortant de cette “norme” artificielle. Oui, c’est ce qu’on nomme dans certains contextes de la discrimination positive, une action qui vise à rééquilibrer une situation qui ne l’est pas par défaut. C’est à ce prix qu’on permet l’intégration des identités marginalisées dans la Cité.

Liberté d’expression d’exister

J’ai également un problème avec la manière dont la liberté d’expression est trop largement présentée. Cette liberté a été conçue en opposition à l’arbitraire de l’État, et elle ne doit pas être surinterprétée. Selon la prise de position de Bibliosuisse :

“Toute opinion a le droit d’être exprimée, dans la mesure où elle ne nuit pas gravement à autrui (ce qui est déterminé par le cadre légal et/ou éthique : incitation à la haine, mise en danger de la santé et/ou de la vie d’autrui, abus de confiance, escroquerie, etc.) ;”

La limite de l’atteinte “grave” à autrui décrite dans la position de Bibliosuisse est trop floue, et peut-être impossible à clarifier. Si les limites légales existent, elles sont insuffisantes, et l’éthique doit prendre le relai. Le paradoxe de la société tolérante de Popper, qui ne peut pas tolérer l’intolérance, a été décrit depuis des décennies, et il faut bien l’assimiler : être inclusif comme nous prétendons que nos institutions le sont, c’est exclure l’exclusion et la discrimination.

Les conférences TERF (trans-exclusionary radical feminist, féministes anti-trans radicales [certaines commentatrices remplacent “radicales” par “réactionnaires”]) sont des cas pratiques qui posent problème aujourd’hui en bibliothèques. On ne peut pas accueillir leurs événements et prétendre que les personnes LGBT sont bienvenues dans nos espaces, tout comme on ne peut pas estimer que les torts sont partagés entre fascistes et antifascistes.6 Dans le rapport de pouvoir entre femmes cisgenres et femmes trans, les premières sont les dominantes et pas des victimes. Si on revient à la question précédente, celle de la représentation, la Citoyenne a également besoin de voir son existence validée.

Cette réflexion sur l’exclusion et les rapports de domination nous amène naturellement à la question des réunions en non-mixité, ou en “mixité choisie”. On pourrait prétendre qu’il s’agit d’une forme d’exclusion, mais notre grille de lecture doit rester celle des rapports de domination.7 Une réunion de femmes racisées par exemple n’est pas un problème, à moins qu’elle refuse les femmes racisées transgenres. Il s’agit bien de permettre aux voix dominées de s’exprimer en offrant un espace qui n’est plus dominé par les groupes traditionnels, et pas d’exclure les perdantes d’un rapport de pouvoir. C’est au contraire un rapport de contre-pouvoir.

Wokisme Littératie politique et sociale

Je vais conclure comme j’avais commencé, en évoquant un problème de cadrage et de vocabulaire. C’est malheureusement le cas dans de nombreuses discussions politiques, surtout à mesure de la prise de contrôle par les ultraconservateurs de la majorité des médias.8

“Wokisme”, le mot qui apparaît sans guillemets dans le titre de ce colloque dans un but provocateur,9 est évidemment une déformation dérogatoire fourre-tout, qui tente de transformer en idéologie ce qui ne l’est pas.10 Son inclusion dans le titre de la journée est une provocation assumée. A l’origine, “Woke” est un terme d’anglais vernaculaire afro-américain (AAVE) apparu dans les années 1960, qui signifiait être “éveillé” aux questions raciales et sociales d’une Amérique qui sortait péniblement de la ségrégation (slogan “Wake Up”).

Quelques années plus tard, du côté du Brésil, l’éducateur Paulo Freire parlait de “conscientisation” ou de conscience critique. C’est une conscience de classe prise au sens marxien, économique et social, mais aussi sur les questions de race, de genre, de sexualité, bref, d’identité, et des rapports de domination que cela entraîne – un synonyme de « woke », en somme. En tant que bibliothécaire, je comprends le terme dans cette lignée, comme l’acquisition d’une capacité de compréhension et d’analyse critique des rapports de pouvoir qui existent au sein de notre société – bref, pour utiliser notre jargon, un bagage de littératie politique et sociale, qui n’implique pas forcément d’agir en conséquence.

J’en reviens pour conclure au titre de cette intervention : “Les limites de la neutralité face à des contenus et activités incompatibles avec le rôle des bibliothèques dans la Cité”, avec ce point de vue : la neutralité n’est pas en soi incompatible avec les missions des bibliothèques, mais elle doit être une neutralité professionnelle, active, critique, sans œillères, et adaptée au contexte des rapports de pouvoir et de domination qui existent dans notre société.


  1. Pour ce qui est de la protection accordée, elle est relative, comme a pu le remarquer la Belgique, pays neutre envahi au cours des deux guerres mondiales. C’est un paravent plus qu’un bouclier. ↩︎
  2. Dans un sens c’est aussi la petite-fille de la fameuse défaite de Marignan, qui met fin à l’expansionnisme de la Suisse trois siècles plus tôt, mais c’est plus compliqué que ça. ↩︎
  3. Voir : La guerre de l’information: les États à la conquête de nos esprits / David Colon (Paris : Tallandier, 2023) ↩︎
  4. Voir par exemple Géopolitique de l’ingérence russe : la stratégie du chaos/ Christine Dugoin-Clément (Paris : PUF : Humensis, 2025) ↩︎
  5. Vous la connaissez ? Il ajoute “pas Suisse ni Belge”, mais je me permets de ne pas considérer pour autant ces catégories comme sujettes à discriminations. ↩︎
  6. A l’époque, Desproges mettait en scène l’absurde de ces positions de fausse équivalence en soulignant que « pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi ». J’avoue que je ne m’attendais pas à citer deux humoristes français du XXe siècle dans ce billet. ↩︎
  7. J’étais soulagé au début de mon intervention de voir que d’après un sondage en direct, 80% de la salle avait répondu, comme moi, que la non-mixité n’était pas en soi une forme d’exclusion. ↩︎
  8. Voir l’inquiétant Coulée brune : comment le fascisme inonde notre langue / Olivier Mannoni (Paris : Éditions Héloïse d’Ormesson, 2024). ↩︎
  9. Le titre complet du colloque était « Enjeux politiques et sociétaux, wokisme, censure, pression, le fragile équilibre entre neutralité et militantisme en bibliothèque » ↩︎
  10. Voir Le péril woke : anatomie d’une offensive réactionnaire / Margot Mahoudeau (Paris : Textuel, 2022).
    Un autre exemple de vocabulaire orienté est le terme “Cancel culture”. Comme mentionné dans un billet précédent, on pourrait simplement parler des conséquences sociales de comportements problématiques, et il est regrettable qu’il ait été utilisé par Bibliosuisse dans une autre prise de position. ↩︎

Merci à ma collègue Catherine Brendow pour la photo qui accompagne ce billet. 🙂

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