Le congrès international des bibliothèques et de l’information (82nd IFLA world library and information congress) s’est réuni cette année à Columbus, Ohio, du 13 au 19 août. J’ai pu y assister avec le soutien de l’AGBD et de mon employeur. J’avais quelques craintes avant de m’y rendre, mais j’en suis revenu enthousiasmé.
Les quelques considérations générales de ce billet serviront de cadre à ceux qui suivront, plus dédiés au fond et aux conférences auxquelles j’ai eu la chance d’assister. Quand vous aurez terminé de lire ceci, vous aurez tout de même la réponse aux questions majeures qui vous préoccupent, notamment :
- Pourquoi ce congrès ?
- Qui l’organise ?
- Pourquoi toi ?
- Le chignon est-il obligatoire pour y assister ?
- Pourquoi à Columbus ?
- Non, sérieusement, pourquoi à Columbus ?
- A quoi ressemble la ville ?
- Et donc, c’était bien ?
Bonne lecture !
Pourquoi un congrès ?
Parce qu’on peut.
Parce que partager des expériences avec d’autres, c’est très enrichissant. Surtout quand ces gens affrontent des défis similaires ou complètement différents dans un ensemble de métiers très proches, mais sur des continents et dans des contextes juridiques, sociaux, économiques et culturels très variés.
Parce que ça permet de réfléchir à notre métier, à son avenir, aux risques, opportunités, responsabilités et devoirs que nous devons assumer à notre humble niveau. Bref, parce qu’on a rarement l’occasion de prendre du recul et de faire le plein de motivation comme ça.
Qui l’organise ?
L’IFLA (qu’on prononce iifleuh en anglais, et pas aïe-eff-ell-èye) est l’International Federation of Library Associations and Institutions. Fondée en 1927, elle a pour but de défendre les intérêts des bibliothèques et de leurs usagers. Si l’organisation est domiciliée aux Pays-Bas, elle organise chaque année une conférence quelque part dans le monde, la grand-messe des bibliothécaires et des amis des bibliothèques.
Cette conférence attire entre 3000 et 4000 visiteurs chaque année au mois d’août. Elle s’est tenue en 2014 à Lyon, en 2015 à Cape Town (Afrique du Sud), et en 2016 à Columbus (Ohio, USA). En 2017, elle migrera à Wroclaw (Pologne), et en 2018 à Kuala Lumpur (Malaisie). Des réunions satellites sont également organisées dans d’autres villes de la région avant et après le congrès.
Pourquoi toi ?
Parce que je suis une personne formidable.
Parce que l’AGBD offrait une bourse (1500 chf) pour s’y rendre, et que personne d’autre dans l’association n’était candidat. Non, personne. Au point qu’un membre du comité m’a demandé si je ne voulais pas me proposer pour aller à Columbia. Pas de faute de frappe, c’était juste de la publicité mensongère. Mais j’ai accepté quand même.
Pourquoi pas d’autre candidat ? Peut-être parce que 1500 CHF (à peu près pareil en USD), ça couvre un peu moins que le prix du vol (plus de 1000 USD à la date de la décision) et l’inscription au congrès (550 USD pour les membres). Il faut encore assumer une semaine de logement (qu’on peut sans doute trouver pour moins de 1000 USD, mais ça reste cher) et de nourriture (malgré les quelques apéros offerts), et pour certains consacrer une semaine de vacances faute d’accord de l’employeur. Dans mon cas, l’IHEID a accepté de me laisser la semaine et de compléter ma bourse. Je leur en suis évidemment très reconnaissant.
Le chignon était-il obligatoire ?
Pour des raisons évidentes, j’ai pu obtenir une dispense.
Non. Oubliez un peu le cliché des dames d’un âge incertain, aux lunettes fantaisie et à la mine sombre, dont les injonctions au silence rythment la journée monotone. Les bibliothécaires modernes, quel que soit leur âge, sont passionné-e-s par l’information sous toutes ses formes et savent s’adapter à leur époque et aux besoins des usagers. Toutes les générations professionnelles étaient représentées. Etudiants en information documentaire, bibliothécaires scolaires, académiques, de lecture publique, data librarians, veilleurs, techniciens, tous les métiers bibliothéconomiques se sont réunis pendant une semaine.
Pourquoi à Columbus ?
Parce que c’est la 15ème ville américaine des Etats-Unis par la taille (830’000 habitants), qui accueille un grand nombre de bibliothèques de qualité, et qui est en bonne position dans de multiples classements aux Etats-Unis (ville à vivre, innovation, etc.)
Non mais, sérieusement, pourquoi Columbus ?
A quoi ressemble la ville ?
Elle surprend quand on est habitués aux villes européennes ou aux cités majeures des USA. D’abord, elle est évidemment très étalée : la majorité des bâtiments (beaucoup de brique) ne dépasse pas les deux étages. Dans le Midwest, il y a de l’espace, et celui-ci est largement gaspillé. De plus, le zonage des quartiers que j’ai eu l’occasion de visiter rappelle un mauvais Sim City.
- à l’hypercentre (downtown) : des bureaux et institutions. Pas de culture, pas de vie nocturne à part quelques bars et restaurants ici et là, pas de shopping – en période de vacances parlementaires, c’était un désert traversé de bus et de SDF.
- dans le Short north : une rue bordée de bars et petites boutiques, entourés de quartiers résidentiels.
- dans German village, au sud : deux rues avec quelques bars, entourés de quartiers résidentiels.
- dans Olde town East… encore des quartiers résidentiels, et un carrefour accueillant des cafés et commerces.
- Loin au nord-est, les zones commerciales, et loin à l’ouest, l’université.
Cette ville ne peut pas être vécue sans voiture. Je suppose que ça en fait une ville typiquement américaine, mais ça surprend quand on a visité les principales métropoles du pays, qui ne sont justement pas bâties selon ce principe.
Quelques points forts touristiques à noter toutefois : un très grand zoo (pas visité) régulièrement classé dans les meilleurs du pays, et un formidable musée des sciences et techniques.
Et donc, c’était bien ?
Oui, et bien plus que « bien ». A une ou deux exceptions près, les discussions ont été passionnantes, les intervenants compétents, et les confrères rencontrés fascinants. Ce congrès était une source d’inspiration et de motivation comme j’en avais rarement vue.
Quiconque éprouve des doutes dans son activité devrait assister à un tel événement. Les possibilités sont immenses, et c’est dans ce genre d’endroit qu’on peut en avoir un aperçu. On a trop rarement de telles occasions de prendre du recul et de se ressourcer avec d’autres professionnels qui s’ouvrent les uns aux autres. Utile et nécessaire, donc.
D’accord, mais il y avait certainement des choses qui t’ont énervé.
Oui. Outre la ville, déjà décrite plus haut, j’ai été déçu par les posters, qui oscillaient entre le génial et le foutage de gueule manifeste moins bon. J’ai aussi été une nouvelle fois surpris que dans un métier très majoritairement féminin, les panels soient majoritairement (parfois exclusivement) masculins.
Pour le premier point, je n’ai pas été vraiment surpris (et n’ayant jamais présenté de poster, je peux difficilement jeter la première pierre). Le deuxième, en revanche, m’a laissé perplexe, et j’espère que l’évolution va dans le bon sens. N’ayant pas assisté à de précédents congrès, je ne sais pas si c’était mieux ou pire qu’auparavant.
Tu comptes y retourner ?
Si j’arrive à faire financer un déplacement et séjour à Wroclaw, je réserve ma place tout de suite. En attendant, je dois déjà fournir un rapport sur le congrès à l’AGBD et à mes collègues… et bloguer ici. A bientôt, donc.
À lire ailleurs :
How to IFLA Right sur Hack Library School.
Ce que Silvae retient de l’IFLA 2016, sur Bibliobsession.
Les billets (en anglais) de Claire Sewell, une autre primoparticipante.
1 thought on “#WLIC2016, autour du congrès”